Référendum 2021, les Haïtiens ont rendez-vous avec leur destin le mois prochain “27 juin”

Référendum 2021, les Haïtiens ont rendez-vous avec leur destin le mois prochain “27 juin”

Analyse éditoriale de cette initiative.

Depuis 1805, la participation directe du peuple Haïtien dans la gestion des affaires publiques a été exclue de façon manifeste, comme en témoigne l’assassinat de Jacques 1er. Selon les informations recueillies auprès d’historiens-politologues approchés par Haïti-Hebdo, le pays aurait connu 22 constitutions dont seulement 4 ont été soumises au vote référendaire: celle de 1918, 1935, 1964, 1983 et le texte difficile à appliquer de 1987. Ce qui laisse croire que le référendum n’est pas une doctrine appréciée par les politiques haïtiens. Pour comble, celle de 1987 a même tenté d’enlever ce droit au peuple souverain.

Les exemples sont tout à fait clairs dans la réalité, à partir de la documentation écrite y compris dans nos pratiques. La dernière constitution de 1987, soi-disant démocratique, marginalise la participation directe du peuple dans la chose publique. Même le président qu’il choisit se retrouve pieds et mains liés une fois investi. Sa seule option reste les manifestations des rues.

La gestion des affaires publiques revient toujours à un clan inamovible de bureaucrates et des parlementaires affairistes qui font la navette. Le vote présidentiel devient en fait une mauvaise plaisanterie, car le président est sans pouvoir réel. Il va devoir composer avec la mafia port-au-princienne, composée des hommes d’affaires, des anciens libres, des intellectuels et les néo-colons juifs et syro-libanais. Ce texte de 1987, comme ses prédécesseurs, est un vol de confiance contre la population. C’est ainsi que les mêmes citoyens qui ont voté seront les mêmes à déchouquer durant toute l’histoire du pays.

Les dirigeants décident selon leur intérêt ou l’intérêt de leur clan pendant que le peuple croupit dans la crasse et la misère. D’oú la multiplication des gangs dans les bidonvilles.

Le budget est concentré sur la capitale bidon de Port-au-Prince et le reste du pays se meurt, malgré ses potentialités. Ce qui fait que la majorité des citoyens se moque de l’Etat et n’attend que la première occasion pour partir. Dans celle de 1987, on a même mis des clés pour empêcher son amendement en profondeur. Du pur racket politique déguisé en démocratie représentative.

Or, nous vivons dans une ère démocratique depuis 1987, définissant ” le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple” (selon la formule d’Abraham Lincoln) pourtant jusqu’à date cela reste une absurdité par rapport à l’usage et le droit des haïtiens à avoir une vie décente et la paix d’esprit. Même le droit au référendum de questionnement était quasiment mis en berne.

Comme l’explique Dominique Rousseau [ op. Cit., P 127-129], le référendum devient un moyen de démocratiser la démocratie.

L’histoire pourra retenir les promesses non tenues et des faiblesses multiples de l’administration Jovenel Moise, mais jamais on ne pourra oublier son courage à attaquer le taureau par les cornes: Il nous faut une autre constitution avec la participation populaire qui tient compte de ses desiderata trop longtemps mis au rencard.

Depuis les 30 dernières années, les parlementaires se comportent clairement comme des jouisseurs, ils se sont illustrés paradoxalement par des actions indélébiles et les ministres de l’Exécutifs sont des pilleurs à col blanc.

La marginalisation de la population a déshumanisé tout un peuple qui ne demandait qu’à vivre. Il nous faut faire un pas vers l’avant. D’oú la nécessité de “rebrasser” les cartes et la communauté internationale a compris, si ce n’est encore une sorte d’hypocrisie diplomatique. Haiti doit avoir une nouvelle loi mère.

Reste à la jeunesse de profiter de l’occasion pour imposer ses points de vue et influencer le texte qui servira de charpente à la nouvelle Haiti. Influencer le texte et voter au référendum n’est plus un devoir pour la jeunesse haïtienne. C’est une aubaine, même si le contexte sinistre du pays met la motivation en question et défavorise vraisemblablement la réalisation du référendum actuellement.

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