Haiti-Politique: Les malades de la peste

Haiti-Politique: Les malades de la peste

L’actuel Président de la République d’Haiti, Jovenel Moise va faire une entrée remarquable dans l’histoire, ce mercredi 7 aout. Pour la premiere fois depuis la Constitution de 1987, les députés vont se prononcer sur un acte d’accusation, celui du Chef de l’Etat en fonction, Jovenel Moise.

De plus en plus impopulaire, sans gouvernement, sans budget, sans ressources, piégé par la conjoncture, la misère et l’affaire Pétrocaribe, le président embourbé dans des négociations sans conviction, depuis plus d’un an, est coincé de tout bord par la minorité parlementaire et une majorité peu engagée jusqu’à l’introduction d’un acte de mise en accusation à son encontre.

Certains faits qui lui sont reprochés sont peut-être, à la fois, techniquement et politiquement soutenables, mais il s’agit clairement d’une bataille politique dont seuls les cerveaux qui l’ont conçue en connaissent les objectifs. Car la minorité n’a pas beaucoup de chance de voir la majorité présidentielle se pencher de leur coté, contre leur chef. Mais ils l’ont poussé à grands renforts de bris et ont obtenu gain de cause.

Le rendez-vous historique est pour ce mercredi. Popcorn et suspense! Une montagne bien affamée qui n’accouchera, sans surprise, que d’une souris. Mais le spectacle de tables écrasées, de directs et de mains au collet pourra peut-être y apporter un peu de sel, comme c’est le cas depuis quelques temps. Sinon, la misère et l’insécurité généralisée se renforcent dehors, chaque jour et le pays se vide de sa creme.

Il faut noter que ce passage stratégique des députés de l’opposition ouvre désormais, une boite de Pandore. car personne n’avait oser avant eux. Et avec un système politico-administratif aussi creux et un système de justice basé sur la procédure, on risque de voir se multiplier les mises en accusation d’anciens hommes d’Etat pour des actes commis durant leur mandat, notamment, la violation de la Constitution.

Cette administration a la particularité d’improviser et de faire de piteuses gaffes, voire des accrocs. Mais, dans le cas de cette mise en accusation, deux articles mentionnés témoignent du cas des animaux malades de la peste et un certain esprit sacrificateur. A l’issue de l’exercice, on risque de déboucher sur un processus de banalisation du cadre juridique de reddition, mis en place par la Constitution de 1987.

Il s’agit de l’article 19 et de l’article 22:  « L’État a l’impérieuse obligation de garantir le droit à la vie, à la santé, au respect de la personne humaine, à tous les citoyens sans distinction, conformément à la Déclaration universelle des droits de l’homme ».

« L’État reconnaît le droit de tout citoyen à un logement décent, à l’alimentation et à la sécurité sociale ».

En quoi cet élu qui avait promis de mettre de l’eau, de la terre et du soleil ensemble pour une potion génératrice d’argent de poche en est-il, vraiment, le responsable en moins de deux ans de mandat?

Dans le cas d’un pays qui fait une descente accélérée aux enfers depuis plus de 30 ans, avec tous les problèmes structurels que l’on connait, accuser le détenteur de l’actuel mandat sur la base de ces deux intitulés tient du ridicule. Manigat aurait déjà sorti le fameux “Soyons Sérieux”.

Hérold Israel

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