Imaj Jakmèl Se Imaj Pa M: la Mairie de Jacmel a choisi un thème local pour le Carnaval “National” de Jacmel prévu pour ce dimanche 16 février. Les Jacméliens veulent garder haut le flambeau de la “ville la plus hospitalière du pays”. L’unique, en dehors de Port-au-Prince, avec un carnaval à vocation national. Mais ils savent tous que la beauté de Jacmel est, depuis un certain temps, une illusion. La ville n’est plus, sinon dans les poèmes et romans qu’elle avait inspirés ou dans les textes consacrés de Michelet Divers.
Nous ne sommes plus en 1994 quand devant la magnificence du rendez-vous le Ministère haïtien de la Culture avait baptisé, désormais le Carnaval régional de Jacmel de carnaval National.
Les groupes musicaux et les artisans sont à pied d’oeuvre. Mais c’est comme lutter contre une malédiction. Tout est devenu si cher et les mécènes au gout exquis n’existe plus. Les beaux jours du tourisme haïtien sont derrière nous et Jacmel, aussi, en est l’illustration.
Vingt-huit ans après cette première édition qui a fait la fierté de cette ville jadis propre et d’un pittoresque enviable, le Carnaval de Jacmel, n’est devenu qu’une pâle copie du festival mobile de Port-au-Prince. Vacarme et défoulement populaire.
Jacmel n’a pas su échapper à l’obésité contagieuse qui a fait disparaitre nos villes de province durant ces dix dernières années. L’insalubrité, la jamaicanisation, la surpopulation et les constructions au gout négligé ont graduellement éclipsé cette ville, créole, si belle jadis, qu’elle fut notre porte ouverte sur l’Europe.
Ce n’est plus le temps du beau spectacle imaginaire de l’Avenue Baranquilla, ou des stands étant on assistait au défilé des plus grosses pointures de la création artistique locale avec des taïnos, des esclaves, des zombies, des chaloska, des tressé-ruban, des robes, des costumes et masques en papier mâché, des fous, des blancs, des diables et la racaille politique.
A l’instar des dix dernières années, on doit s’attendre, ce dimanche, malgré la passion et la détermination, à un carnaval arborant le visage de la misère, de la criminalité et autres péripéties.
Et, à la place où défilaient jadis les superbes masques, les troupes de danse et les robes multicolores, ce sera encore le bruit des chars et des DJs racontant du n’importe quoi à une foule de bardeaux d’outre-monde faisant, en sueur, le va-et-vient sur la tombe de la reine des Antilles.
Le thème choisi, cette année, est, peut-être, le cri d’un conseil municipal qui a connu ce Jacmel de soleil, de mer, de paix et de famille et qui cherche à allumer un brin de fierté ou de sens de la propreté chez les générations présentes.
HH